mardi 17 juin 2014

«Why not peanuts?» comme dirait l’autre

Comment vous dire à quel point j’aime ma nouvelle vie de bohème? Chaque matin je me lève, je regarde l’horizon par la fenêtre, il n’est jamais le même, et je me dis que quelque chose de nouveau est possible, que rien ne m’empêche plus de prendre la vie comme elle vient, que c’en est terminé de toutes ces contraintes que pendant longtemps je me suis imposées à moi-même par volonté, comme tout le monde, d’être raisonnable et de rentrer dans le moule.

Depuis plus d’un an déjà j’ai vendu ma voiture, ma maison, j’ai quitté mon emploi d’enseignante pour devenir travailleuse autonome. Le moment était venu ; le dernier oisillon venait de quitter le foyer familial. J’étais rendue là. J’aurais pu être envahie d’un grand vertige et rester figée sur place, chercher instinctivement à retrouver mon équilibre au creux de ma zone de confort métro-boulot-dodo, mais ce n’est pas ce que j’ai fait. J’ai choisi de me délester de tout ce que je possédais, ou presque, et pour dire vrai je me sens plus fortunée que jamais. Je suis maintenant sans attaches, libre de voyager.

Je garde toujours mon pied à terre à Montréal, mais pour combien de temps encore je ne saurais le dire. La vie en décidera. Pour le moment je voyage, je vais ici et là, je reste un peu, je pars et je reviens, je traîne mon travail avec moi dans mon portable, je vis dans mes bagages avec trois ou quatre vêtements de rechange qui, tout compte fait, me suffisent amplement. Mais comment fais-je pour quitter le pays pendant des semaines voir des mois alors que j’ai au Québec toute ma petite famille (dont mes quatre jolies filles ainsi que mon petit-fils et ma petite-fille qui viendra au monde prochainement), me demandait-on il y a peu de temps ; ma progéniture ne devrait-elle pas être un incitatif à rester? Non, elle n’est pas une raison de rester, mais elle est de toute évidence une raison de revenir. Je les aime de tout mon cœur — rien ne vaut l’instant des retrouvailles après une longue absence — et je souhaite par l’exemple leur inculquer que la liberté est une chose possible que l’on obtient cependant au prix de l’abandon des choses matérielles dont au fil du temps on devient insidieusement les esclaves.

J’apprends donc peu à peu, au fil de ma vie insouciante, à vivre sans attaches. Je n’ai pas besoin de posséder pour être, je me définis autrement. Je n’ai pas besoin d’une maison qui soit ma propriété, j’habite ma propre intériorité.

Cette fois, la possibilité m’était offerte de me rendre à la Barbade pour la saison estivale, afin de prendre soin d’une maison en l’absence de ses propriétaires. « Why not? », me suis-je dis ; l’occasion passe, il faut la saisir. Alors voilà que j’y suis!


1 commentaire:

  1. Que de sages paroles Nadia! Profites-en bien et au plaisir de se rencontrer bientôt...

    Marc Aubin

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